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Révolution à l’Assemblée : buste d’Olympe de Gouges

Paris, 19 oct 2016 (AFP)

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Révolution au Palais-Bourbon: le buste d’Olympe de Gouges, féministe guillotinée sous la Terreur et recalée il y a deux ans pour le Panthéon, trône depuis mercredi à l’Assemblée nationale, première statue d’un personnage historique féminin au milieu des figures d’hommes et allégories.
Regard net, sourire un tantinet ironique, visage tourné vers un buste de Jean Jaurès, son effigie sculptée en marbre blanc, attendue depuis près d’un an, a été installée en grande pompe salle des Quatre-Colonnes, où se croisent politiques et journalistes, à quelques mètres de l’hémicycle.
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, où elle considère que « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements », figure sur le piédestal du buste réalisé par Jeanne Spehar et Fabrice Gloux.
Si « la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune », proclamait dans une formule restée célèbre la révolutionnaire, à la tête coupée en novembre 1793 pour avoir défié Robespierre et dénoncé l’arrestation des députés girondins.
« Entre ici Olympe de Gouges », a lancé la socialiste Catherine Coutelle, présidente de la délégation de l’Assemblée aux droits des femmes, dans un clin d’oeil à la formule d’André Malraux pour l’entrée de Jean Moulin au Panthéon.
Malgré le soutien de féministes et de politiques, dont la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), cette pionnière n’avait pas été retenue pour entrer dans la « maison des grands hommes » en 2015. François Hollande avait choisi quatre figures de la Résistance, dont deux femmes.
Quant à une statue d’Olympe de Gouges à l’Assemblée, cette « révolution formidable » aurait été impossible « après les prochaines élections », a glissé à l’AFP l’ancienne ministre socialiste des Droits des femmes Yvette Roudy. Le buste d’Albert de Mun, une figure du christianisme social, a été déplacé dans une autre salle, faisant grincer des dents une partie de la droite.
Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748 à Montauban (Tarn-et-Garronne), d’origine modeste, autodidacte, veuve à 18 ans ayant refusé de se remarier pour garder sa liberté, fut une femme de lettres devenue femme politique engagée. Dans ses multiples combats contre les discriminations sociales et politiques, elle plaida pour l’instauration du divorce, de droits pour les ouvriers au chômage, d’un impôt patriotique ou encore pour l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort.

- « Alliée des laissés-pour-compte » -

Il aura fallu « plus de deux siècles pour que l’on reconnaisse le talent de cette pionnière de l’égalité des droits, le courage de cette alliée infatigable des humbles, des laissés-pour-compte, des esclaves et du menu-peuple comme l’on disait alors », a souligné le président PS de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone.
Par cet acte « symbolique » pour marquer l’importance des femmes dans l’histoire de France, cet élu de Seine-Saint-Denis a tenu à insister sur les progrès « malgré les obstacles »: « Les Françaises d’aujourd’hui occupent ou peuvent prétendre occuper toutes les places, tous les postes, toutes les fonctions de la vie civile et militaire ».
Mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour parachever la parité et contrer le sexisme.
Pourtant la plus féminine de l’histoire, l’Assemblée nationale élue en 2012 comptait moins d’un tiers de femmes, 155 sur 577 députés. Les femmes politiques actuelles doivent encore « se battre pour prendre des sièges » en 2017, a averti Mme Roudy.
Dans l’hémicycle, des plaques au nom de trois des 33 premières femmes élues députées le 21 octobre 1945, la communiste Marie-Claude Vaillant-Couturier, la socialiste Rachel Lempereur et la MRP Marie-Madeleine Dienesch, ont d’ailleurs été dévoilées mercredi.
Leurs combats restent « d’actualité » et « les droits acquis sont fragiles » pour les femmes, selon l’une des vice-présidentes de l’Assemblée, Sandrine Mazetier (PS).