La rédaction l’a lu
Ainsi soit Benoîte Groult
Entre ces deux-là, ce fut le coup de foudre. Et pourtant, ce n’était pas gagné. Benoîte Groult a beau afficher une jeunesse éternelle malgré ses 93 printemps, elle détestait la bande dessinée et n’avait jamais poussé l’exploration plus loin que la lecture de « Bécassine ». Pour elle, ce 9e art qui n’avait rien d’artistique restait réservé aux analphabètes. Catel en revanche était une fan de l’écrivaine féministe, elle avait dévoré à 15 ans « Ainsi soit-elle » que lui avait offert sa mère, grande admiratrice elle-même de Benoîte Groult. La rencontre eut lieu en mai 2008, lorsque « Libération » demanda à Catel un reportage dessiné sur la personne de son choix. Elle lui rendit visite dans sa maison d’Hyères, où Benoîte passe tous les hivers, le portrait parut quelques semaines plus tard, et elles ne se brouillèrent pas, ce qui est bon signe. Le deuxième épisode de ce feuilleton amical fut l’aventure Olympe de Gouges. Benoîte contribua activement à sortir de l’ombre cette fémininste de la première heure qui, au 18e siècle, mourut pour ses idées. Catel, de son côté, en réalisa une « bio-graphique » comme elle appelle ses biographies graphiques. La suite coulait de source: Benoîte Groult par Catel. « Quelle drôle d’idée » s’exclama Benoîte. Oui, mais surtout quelle bonne idée. L’enfance, dans un milieu chic et artistique, puis les mariages, plus ou moins heureux, la découverte tardive du féminisme, et l’écriture, fil rouge de sa vie: Catel nous raconte Benoîte en dessins et en bulles. Sympathie, empathie, on ne sait pas vraiment ce qui prédomine dans ce recueil. Les deux peut-être. En tout cas, il est évident que le courant a passé entre les deux femmes. Elles nous invitent à les rejoindre dans leur intimité dont l’humour n’est jamais absent, comme le prouvent ces pages sur l’escort boy « fournisseur attitré des cougars varoises », qui proposa, par une lettre à l’orthographe hésitante, ses services à la nonagénaire!
Pascale Frey
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